Le Temps des Réformes. La Crise de la Chrétienté 1250-1550 by Pierre Chaunu

Le Temps des Réformes. La Crise de la Chrétienté 1250-1550 by Pierre Chaunu

Auteur:Pierre Chaunu [Pierre Chaunu]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: amazon
Publié: 2020-05-04T11:54:33.204126+00:00


91 et encore au XVe siècle

92 d'enterrer les morts dans l'espace de l'église protégé et préparé pour la Résurrection, par la présence sécurisante et sacralisante entre toutes du Corpus Christi

93 . Le maniement de la deuxième espèce eucharistique est dangereux. On ne peut faire passer la coupe sans prendre le risque d'un faux mouvement qui répandrait à terre le sang du Christ. En outre, chaque parcelle de l'hostie ingérée contenant la totalité du corps du Christ contient aussi Son précieux Sang. Si l'hostie consacrée est pleinement le Corps du Christ, si dans l'hostie Dieu est présent, qui peut encore s'approcher ? On adore l'hostie visage contre terre. Nul qui n'a le cœur pur ne peut soutenir l'insoutenable présence du Dieu vivant (Esaïe, VI, 5) : « Je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j'habite au milieu d'un peuple dont les lèvres sont impures et mes yeux ont vu le Roi, l'Eternel des armées. » Sur le Corpus Domini est reportée une partie de la révérence due à Dieu, au point que la communion n'est plus possible... si ce n'est in articulo mortis, lorsqu'on ne risque plus de pécher à nouveau, lorsqu'on ne peut plus reculer et qu'il faut bien se résigner au face à face avec Celui dont la présence est insoutenable au pécheur. A moins que le pécheur ne soit couvert par le sacrifice du Christ, mais... Dieu n'est pas dissocié du Christ, par qui Il se donne à connaître et c'est le Christ qui juge à la place du Père. Le Corpus Christi finit donc par faire sauter l'intermédiaire de la médiation christique. Replacé dans le face à face, le petit peuple se courbe, dans une terreur révérentielle. Il fallait rappeler l'évolution qui conduit à cette tension, car elle est au cœur du temps des Réformes. Naturellement, on est très loin du repas eucharistique. Quand la réflexion dissociative trop uniquement centrée sur la merveilleuse promesse « Ceci est mon corps » a atteint ce point, elle porte deux passages à la limite. L'un positif, dans son essence : la révérence dans l'adoration qui immobilise le petit peuple des rudes dans l'attitude salvatrice du publicain repentant ou du prophète aux lèvres impures ; l'autre passage à la limite est celui, négatif, de la familiarité. Il importe de rendre présent, au cours des temps, le Vrai Dieu et le Vrai Homme de l'Incarnation. Cette présence est donnée par l'Esprit Saint, elle peut l'être, concrètement, par le sacrifice réactivant de la messe et le Corpus Christi, l'espèce eucharistique adorée indépendamment de l'acte collectif de la communion. Le Corpus Christi présent peut incliner à une excessive familiarité qui entraîne la perte ou l'atténuation du sentiment de l'Altérité du Dieu Vivant, de l'absolue Transcendance du Saint Tout-Puissant. Mais le Corpus Christi est tout aussi bien le garant de la présence de Dieu qui se donne à aimer dans la distance comblée par Son Incarnation, le garant du pouvoir médiateur de l'Eglise.

Wyclif est au lointain point de départ



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